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Cette recherche vise à comparer deux types de gestion des colonies d’abeilles : les colonies commerciales et les colonies traditionnelles, également appelées ruches trmka. Les colonies commerciales sont maintenues sous des conditions contrôlées pour maximiser la productivité, tandis que les ruches trmka fonctionnent de manière plus autonome, ressemblant aux conditions naturelles des abeilles sauvages. Les objectifs de cette étude sont d’évaluer le stress oxydatif, la prévalence des parasites endoparasitaires, et l’immunité sociale des abeilles dans ces deux contextes. En raison des limitations imposées par les ruches trmka, il est difficile de dissocier les effets de la structure des ruches des pratiques de gestion, ce qui pourrait influencer significativement les résultats.

L’étude a impliqué la collecte d’échantillons d’abeilles adultes et de couvain provenant de colonies commerciales et traditionnelles. Les paramètres de stress oxydatif tels que l’activité de la superoxyde dismutase (SOD), de la catalase (CAT) et de la glutathion S-transférase (GST), ainsi que les concentrations de malondialdéhyde (MDA) ont été mesurés pour évaluer le stress oxydatif. La prévalence des parasites endoparasitaires tels que Nosema ceranae et Lotmaria passim a été déterminée par PCR. L’expression du gène de la glucose oxydase (GOX) a également été mesurée pour évaluer la réponse immunitaire.

Les résultats ont révélé des différences significatives entre les colonies commerciales et traditionnelles dans plusieurs aspects :

  • Stress Oxydatif : Les colonies commerciales présentaient des niveaux de CAT et GST plus élevés, ainsi qu’une concentration plus élevée de MDA, indiquant un stress oxydatif accru. En revanche, les colonies traditionnelles avaient une activité de SOD significativement plus élevée, suggérant une meilleure défense contre les radicaux libres.
  • Prévalence des Parasites : La prévalence de Nosema ceranae était significativement plus élevée dans les colonies commerciales (61,67%) par rapport aux colonies traditionnelles (29,17%). Pour Lotmaria passim, 50% des abeilles adultes dans les colonies commerciales étaient infectées, contre 25% dans les colonies traditionnelles. De plus, L. passim a été détecté dans le couvain pour la première fois dans cette étude, avec une prévalence plus élevée chez les abeilles adultes que dans les larves.
  • Expression du Gène GOX : Les niveaux d’expression du gène GOX étaient significativement plus élevés dans les colonies commerciales, ce qui pourrait être dû au stress oxydatif induit par les pratiques apicoles commerciales telles que l’alimentation artificielle et les traitements anti-varroa.

Les différences observées entre les deux types de gestion des colonies peuvent être attribuées aux pratiques apicoles et à l’exposition accrue aux agents pathogènes dans les colonies commerciales.

  • Stress Oxydatif : Les abeilles des colonies commerciales subissent un stress oxydatif plus élevé, reflété par des niveaux plus élevés de CAT, GST, et MDA. Ce stress est probablement dû à une charge parasitaire plus importante, comme l’indiquent les niveaux plus élevés de N. ceranae et L. passim. La présence accrue de ces parasites pourrait entraîner une peroxydation lipidique plus élevée, que les abeilles tentent de compenser avec une production accrue de CAT et GST.
  • Prévalence des Parasites : Les colonies commerciales montrent une prévalence plus élevée de N. ceranae et de L. passim. Les pratiques de gestion, telles que l’alimentation artificielle et les traitements vétérinaires, pourraient favoriser la propagation de ces parasites. En revanche, les ruches traditionnelles, qui bénéficient d’une gestion minimale, présentent une prévalence plus faible de ces parasites, suggérant que l’absence d’interventions humaines pourrait offrir une forme de protection.
  • Expression du Gène GOX : L’augmentation de l’expression du gène GOX dans les colonies commerciales pourrait être une réponse au stress accru et aux infections. Cette réponse pourrait également être exacerbée par les pratiques apicoles commerciales, comme l’utilisation excessive de sirop de sucre et de produits anti-varroa, qui peuvent induire un stress supplémentaire et influencer la santé des abeilles.

Les résultats corroborent les observations antérieures concernant l’impact des pratiques apicoles commerciales sur la santé des colonies d’abeilles. Les colonies commerciales montrent une plus grande susceptibilité aux infections parasitaires et au stress oxydatif, ce qui peut être lié aux pratiques apicoles intensives. Les colonies traditionnelles, en revanche, semblent bénéficier d’une gestion moins intrusive, ce qui pourrait contribuer à leur meilleure santé relative.

En conclusion, cette étude met en évidence l’impact potentiel des pratiques apicoles commerciales sur la santé des abeilles, soulignant la nécessité de pratiques apicoles plus durables et moins invasives pour améliorer le bien-être des colonies. La recherche future devrait se concentrer sur l’optimisation des méthodes apicoles pour minimiser le stress et les infections parasitaires tout en soutenant la productivité des abeilles.

Résumé de l’article “Oxidative Stress, Endoparasite Prevalence and Social Immunity in Bee Colonies Kept Traditionally vs. Those Kept for Commercial Purposes” par Elmin Taric et al. publié le 27 avril 2020.